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Presque autant suivie sur les réseaux sociaux que la quadruple championne olympique Simone Biles, Olivia Dunne, gymnaste universitaire, a contraint la fac de LSU à revoir son système de sécurité lors des évènements auxquels elle participe. Outre-Atlantique, l’immense popularité de la jeune femme, devenue millionaire malgré un niveau de gymnastique qui ne lui permet pas d’être en équipe nationale, fascine autant qu’elle agace.
Sa simple présence à une compétition universitaire suffit à faire basculer l'événement dans la frénésie la plus totale. Le 6 janvier dernier, Olivia Dunne, une gymnaste américaine de 20 ans à la popularité immense sur les réseaux sociaux, est annoncée dans la liste des participantes à la rencontre de NCAA - le championnat universitaire américain - entre son équipe des LSU Tigers et les Utah Utes. Les fans venus applaudir la jeune femme aux 6,8 millions d’abonnés sur TikTok et trois millions sur Instagram sont nombreux dans les tribunes. Problème: leur gymnaste préférée n’est pas là.
Blessée à l’épaule, Olivia Dunne n’a pas concouru. Pour le plus grand désarroi de ses fans, en immense majorité des très jeunes hommes. Tous massés à la sortie du stade après l'événement, ces derniers n’ont pas hésité à hurler sur les autres gymnastes, qui avaient commis comme seule faute… de ne pas être Olivia Dunne.
La police obligée d'intervenir pour calmer la foule et escoter la jeune femme
"C’est tellement effrayant et dérangeant… J’ai honte pour eux", a réagi l’ancienne gymnaste Samantha Peszek, médaillée d’argent sur le concours par équipes aux JO de Pékin en 2008. La principale intéressée, elle aussi dépassée par la tournure des évènements, a été contrainte d’appeler au calme. "J'apprécierais et j'aimerais toujours le soutien de vous, mais si vous venez à une rencontre, je veux vous demander de respecter les autres gymnastes et la communauté de la gymnastique car nous ne faisons que notre travail", a indiqué la jeune femme sur Twitter.
Alors que la police a dû intervenir pour calmer la foule et escorter Olivia Dunne lors de cette fameuse rencontre universitaire, l’immense popularité de la sportive a contraint la fac de LSU, située en Louisiane, à réagir. Jusqu’à la fin de la saison, un agent de sécurité accompagnera l’équipe. "Le garde du corps sera dans notre hôtel et à l’extérieur de notre vestiaire et nous conduira vers et depuis le bus sur le site, a indiqué Jay Clark, l’entraîneur de l’équipe. L’incident du 6 janvier a mis en exergue un certain nombre de problèmes de sécurité au sein de l’équipe de gymnastique. Cette dernière sera davantage protégée. Les choses doivent changer. Nous ne pouvons tout simplement pas les exposer au danger."
Environ deux millions de dollars de revenus
Il faut dire que la situation autour d’Olivia Dunne n’a rien de commun. Malgré un excellent niveau de gymnastique qui lui permet d’évoluer au plus haut niveau universitaire, l'athlète est loin d’être parmi les meilleures du pays dans sa discipline. Pourtant, son aisance devant la caméra ainsi que son physique que beaucoup jugeront comme avantageux font des ravages auprès des hommes de son âge et lui permettent d’atteindre des sommets de popularité sur les réseaux sociaux. Avec 9,8 millions d’abonnés sur TikTok et Instagram, elle est presque autant suivie que la quadruple championne olympique et superstar Simone Biles, 10,3 millions de fans en cumulé sur les différents réseaux sociaux (6,6 millions sur Instagram, 310.000 sur TikTok, 1,7 million sur Twitter, 1,7 million sur Facebook).
Alors que les étudiants-athlètes de haut niveau ont le droit de gagner de l’argent grâce à leur image depuis environ un an et demi, Olivia Dunne serait, selon plusieurs médias américains, l'athlète universitaire la mieux payée de tout le pays. Devant, donc, les plus gros prospects basketteurs, hockeyeurs ou footballeurs américains, qui sont pourtant d’immenses stars. D’après plusieurs estimations de la presse outre-Atlantique, elle aurait déjà gagné environ deux millions de dollars (1,85 million d'euros) grâce à des partenariats avec des marques.
Un "pas en arrière" pour la place des femmes dans le sport ?
Aux Etats-Unis, plusieurs voix s’élèvent toutefois pour critiquer la manière dont Olivia Dunne a acquis sa popularité. "Parfois, nous faisons peut-être deux pas en avant, puis nous reculons, a déploré auprès du New York Times Tara Vanderveer, légende du basket américain intronisée au Hall of Fame et fervente défenseure du droit des femmes. "Nous nous battons pour toutes les opportunités de concourir, de jouer, d'avoir des ressources, d'avoir des installations, d'avoir des entraîneurs et tout ce qui va avec l'athlétisme de calibre olympique. C’est un pas en arrière."
"Sept chiffres. C'est quelque chose dont je suis fière, a de son côté estimé la principale intéressée dans une interview au New York Times. Surtout depuis que je suis une femme dans le sport universitaire. Il n'y a pas de ligues professionnelles pour la plupart des sports féminins après l'université." Comme souvent avec un tel succès, il y a un revers de la médaille.
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Felix Gabory Journaliste RMC Sport